La belle
histoire. Ça passe, ça passe, ça passe pas!
J'avais
cinq ans quand j'ai vu mon chat se faire écraser. J'en avais huit quand mon
poisson rouge s'est noyé et dix quand j'ai arrêté de croire au père Noël. Bref,
du coup, devenir un super héros c'était un peu la suite logique. Avec une soif
d'aventure incontrôlable, j'avais besoin de voir du pays. J'ai donc pris mon
sac à dos et à quinze ans, je suis partie sur les routes, en quête de personnes
en détresse et de bien à faire autour de moi.
Bon, en
fait, je ne suis pas allée très loin... j'ai surtout fais le tour de mon
quartier, parce qu'il faut bien commencer quelque part! Et j'ai constaté que
jouer les supers héros c'était pas si simple. Aider une grand-mère à traverser,
c'est long. Monter en haut d'un arbre pour récupérer un chat, c'est dur. Quoi
qu'il en soit, je suis assez vite rentrée chez moi, et puis j'ai écrit. J'ai
beaucoup écrit. J'ai aimé ça écrire. C'est là que je me suis dit que, si je
n'arrivais pas à changer le monde parce que j'ai le vertige, je peux au moins
faire plaisir aux gens en leur racontant des histoires, enfin, c'est ce que
j'en ai déduit. Alors, des histoires, c'est bien beau! Mais il faut de la
matière!
Depuis mes
dix-huit ans je suis partie de chez moi, et je voyage de pays en pays, de
régions en régions, je vogue à travers les mers et, toujours munie de mon
carnet, je noircie les feuilles de tout ce que je vois, tout ce qui m'inspire.
Et dans le
fond, le monde se débrouille pas trop mal, je trouve. Moi je fais juste
partager mes sentiments.
Au fait,
Mimo, c'était le surnom que ma mère m'a donné quand j'étais petite, j'ai
toujours pas compris pourquoi.
***
Si Supermimo vous a rendu curieux, écoutez donc ce que P.P. a à dire à son sujet : « Supermimo et moi on s’est rencontrées y’a longtemps. Ça a pas été rose tout de suite vous savez. On était dans la cour de récré. Je jouais par terre avec des petits cailloux. Elle s’est approchée, a regardé par-dessus mon épaule pour voir ce que je faisais mais ne me l’a pas demandé.Elle m’a dit « C’est quoi ton nom ? »
J’ai dit « P.P. ».
Elle m’a répondu « Pépé comme un grand-père genre ? »
J’ai dit « Non, P.P. comme les deux lettres P. »
Elle me croyait pas. « Non mais c’est quoi ton vrai nom ? », elle a dit.
J’ai dit « C’est ça mon vrai nom si t’es pas contente vas jouer ailleurs ».
Elle m’a dit « Non j’suis contente ».
Elle restait à côté de moi, alors j’lui ai demandé « C’est quoi ton nom à toi ? »
Elle m’a dit « Supermimo ».
J’ai pas osé dire « Non mais c’est quoi ton vrai nom ? », après ce que je venais de dire.
Alors j’ai dit « Et pourquoi tu es super Mimo ? »
Elle m’a tendu un chewing-gum, un de ceux avec une blague dans l’emballage. Je l’ai ouvert, y’avais pas de blague, seulement un petit poème écrit au plomb en belles lettres rondes.
Alors là, j’ai compris. »