Friday, April 4, 2014

Les drapeaux de l'Ambassadrice (partie 2 de 2)

J’ai reçu l’appel du Loup de mer. On s’appelle pas beaucoup, lui et moi. On est plutôt old school, du genre parchemin et pigeon voyageur. Je préfère recevoir ses lettres qui sentent le rhum, avec leurs beaux sceaux bordeaux qui ne laissent aucun doute sur l’expéditeur.
Quand j’ai décroché le téléphone, j’ai pas eu besoin d’entendre sa voix paniquée pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Je suis rendue fluent en québécois avec les années, enfin j’aime y croire, mais là, j’ai juste compris un charabia qui ressemblait à ça : 
« Ostiedecalissedecrissedemardeelleestfuckingperduetabarnak. »
J’lui ai dit : « P’tit loup (il y a que moi qui peux l’appeler ainsi, il aime pas trop ça en vrai), calme-toé (il paraît que j’ai comme un petit accent qui pointe le bout de son nez parfois). Respire un grand coup. Tout va bien se passer. » C’est des trucs de même qu’ils nous apprennent au cours de yoga. J’suis une bonne élève, j’essaie d’appliquer leurs leçons de façon pragmatique. J’avais toujours pas saisi le problème.
« On l'a perdue, esti. En mer, à part de d'ça ! Vois-tu pas l'ironie ? C'est moi qu'on aurait dû perdre en mer ! V'là qu'elle me vole ma sortie ! »
A ces mots, j’ai compris. L’Ambassadrice manque à l’appel.

L’Ambassadrice c’est un p’tit bout de femme que j’aurais de la misère à décrire. C’est dur de ranger les gens dans des cases, tu sais. Puis j’aime pas ça, étiqueter le monde. En tout cas, l’Ambassadrice, c’est mon amie. Où c’était, je sais pas trop. On se voyait pas souvent mais on avait toutes les deux le goût de la diplomatie, de la justice, et des beaux mots. Je pourrais pas dire que j’ai réussi à vraiment l’apprivoiser et pourtant, j’ai quand même cette boule au ventre quand le Loup m’annonce ça.
Puis il m’a parlé des drapeaux. Encore une énigme, un peu plus de mystère. J’ai l’impression de vivre dans un roman d’Agatha Christie. Comme si on allait tous disparaître, un par un. J’essaie de pas y penser, il suffit juste de suivre les drapeaux et tout ira bien, on va la retrouver. C’est du moins ce que je m’entends dire au Loup, puis dans un murmure, j’ajoute : « Enfin, si elle désire se faire trouver… ».

Un jour, peut-être qu’on écrira sur nous :

Douze petits écrivains se lancèrent dans un long voyage.
L’un d’eux se perdit dans l’océan
Et il n’en resta plus que Onze

— La Justicière démasquée.

Wednesday, April 2, 2014

Les drapeaux de l'Ambassadrice (partie 1 de 2)


Mercredi, 2 avril 2014. Parle d'un coup de malchance ... Hier, au téléjournal d'un poste de télé bulgarien dont vous n'auriez jamais entendu parler de toutes façons, on annonçait la disparition du vol KC-12-14 — à bord duquel se trouvait bien évidemment la dernière recherchée du lot de 12, l'Ambassadrice. Comme dans une grande partie de ping-pong, les Douze nous ont fait rebondir d'un côté et de l'autre pour nous raconter ce qui s'est passé ... Voici ce que nous avons retenu. 


***



Partout où elle passe elle y plante son drapeau ! C’est une ambassadrice conquérante, elle laisse sa trace dans tous les coins de pays qu’elle a arpentés. Je me suis longtemps demandé pourquoi elle faisait tout ça ! Pour être reconnue ? Pour le pouvoir ? Pour la célébrité ? Non ! Je l’avais très mal jugée … Tous ses drapeaux traçaient un chemin. Un chemin qui aiderait tous les égarés à retrouver leur Ambassadrice. Je trouvais ça si poétique que j’ai volé un de ses drapeaux pour regarder les égarés se perdre encore plus. Ce n’est pas tout le monde qui a de bonnes intentions !    — LE TRUAND

***



LIVE-FOOTAGE. 
CASSETTE RETROUVÉE SUR LE BORD DE LA 132, ENTRE GASPÉ ET MATAPÉDIA. 
(1/2) 

« shitdemarde. 
pu le temps de niaiser. » 

Sur l'écran de télévision, l’image shake. Caméra sur l’épaule, le vidéaste est tout d’abord non-identifiable. Au-delà du grésillement sonore du VHS, sont audibles le cri des fous de Bassan et celui, plus grave encore, des vagues. La scène se déroule sur le pont d’un petit bateau. Sous un soleil aveuglant luit et gît un homme, enfirouapé dans une camisole de cotte de maille et protégé d’un casque. La caméra zoom sur son visage, paisiblement endormi. 

« Ça va te faire une belle trace de bronzage, ça, mon Chevalier festif. » 

Le caméraman s’enfarge de manière très peu gracieuse dans une pile de canettes de Pabst Blue Ribbon, envoyant quelques-unes d’entre elles valdinguer dans les bleus flots de l’océan. 

« Festoie pas mal, nettoie rien pantoute. Ça devrait être ça, son câlisse de crédo. » 

Visiblement, la personne qui tient la caméra est d’une humeur massacrante. Elle nous traîne dans la cale du navire, puis dans une pièce corpusculaire. La caméra est violemment déposée sur un comptoir. Le caméraman s’assied sur la toilette. Dans l’obscurité de la toilette du bateau, le téléspectateur peut distinguer l’ombre canine de l’inquiétant et vulgaire homme, qui porte à sa bouche ce que l’on pourrait prendre pour un verre de sang. Ce n’est rien de tel. C’est du jus de pomme grenade. Après moult gargarismes, il se lance. 

« Vu que c’est surement la dernière chose que je vais dire, voéci mes confessions. Les chiottes d’un bateau de marde que mon grand-père m’a légué y’a cinquante ans — parfait endroit pour le confessionnal d’un vieux loup de mer. Chu sur que ça vous fait rire autant que moé. 

Confession première : chu pas vraiment un loup. Chu juste un pissou de Gaspé qui a passé pas mal trop d’temps su’ son bateau avec ses livres. Probablement parce que j’avais pas beaucoup d’amis à’ maternelle. 

En fait, des amis, j’en ai pas beaucoup en général. C’qui m’amène à la confession deuxième : à vrai dire j’ai rien que douze amis. Euh, onze. J’étais bin, bin saoul quand on a faite le pacte, ça sentait le sang pis le rhum, fait que peut-être que je voyais double, pis qu’on était rien que six et demi. Encore là, quand je dis amis, peut-être bin que j’exagère. Après tout, c’est pas une pelletée de noms tracés dans le sang au bas d’un rouleau de parchemin qui fait d’la synergie. 

Confession troisième : on s’haït toute un peu, mes amis pis moé. C’est surement parce que depuis l’début, on est au boute du rouleau. 

Y’en a qui sont plus volubiles que d’autres. P. P. donne toujours de ses nouvelles (ça fait chier, esti, j’ai d’autres choses à faire que d’attendre les cormorans voyageurs sur le pont de mon bateau tous les jeudis matins pour ouvrir des lettres qui sentent le pain aux bananes pis le feng shoui). Des fois je croise Cire Pôle à l’épicerie. À me demande c’est qui qui pue le poisson. Peut-être qui faudrait que j’lui dise que c’est le gars derrière le comptoir qui coupe son saumon les joues rouges pis la bouche en s, mal à l’aise. 

Pis l’osti de truand, celui qui fait toujours toute foirer. Comme la fois où y’avait volé ma pôle de rideau de douche. Pis mon gouvernail. Y vole toujours l’affaire dont t’as besoin. 

Comme le drapeau de l’Ambassadrice

L’Ambass, esti, de loin la plus névrosée. Y faut croire que dans sa business, on a pas le choix. Je le savais depuis le début, que c’était elle qui allait flancher. Moi, j’ai même suggéré que ça soit elle qu’on élimine. 

Mais l’Amabassadrice, à peu près la plus importante aussi. Niveau gouvernement, au moins. J’veux dire, les vrais gens du vrais monde en ont pas grand chose à faire, d’un forain, d’un transgenre ou d’une mère de famille un peu sanglante. Mais chaque jour, quand t’ouvrais la télé, bam! : nouveau reportage au journal de 19h. Ambass par-ci, ambass par-là. Toujours accompagnée de ses drapeaux. Facile à retracer. 

Drapeau rouge après la Saint-Valentin, drapeau rouge après une chicane. Drapeau bleu comme pour conclure qu’il a faite beau contre toute attente aujourd’hui. Drapeaux qu'elles tirait peut-être même un peu de sa chair, draps de peau dans lesquels elle s'enveloppait comme dans un filet de sécurité maternel, placenta de tissu ... anyways. 

V’là quatre jours, je reçois un appel du forain, y parle vite avec son gros accent, y me dit : « Hey salut le loup, y’a comme un malaise. Y’ paraît que l’avion de l’ambassadrice s’est comme écrasé en pleine mer. À m’a laissé un message bizz qui dit genre : retrouvez-moi au bout de mes drapeaux. J’ai bin essayé mais le truand en a volé une coupe. La piste est brouillée. J’abandonne. J’ai d’autres barbes à papa à fouetter. » 

Une chance pour moi, j’avais passé pas mal de temps d’in scouts, fait que les jeux de piste, on peut dire que ça m’connaît. Ça c’était hier. Ç’pour ça que j’ai invité le Chevalier festif à m’rejoindre. Lucky for me, y’avait amené pas mal de Pabst. On a combattu l’adversité toute la nuit, à coup de flip-cup plutôt que d’épée. 

I faut qu’on suive des drapeaux ça l’air. Mais je sais pas oùcé qu’y en a, pis je sais pas oùcé commencer. Le Chev est bin d’trop saoul pour que je lui demande son avis. 

Je sais que le truand en a volé un par contre, ça me fait chier d’avance mais ça me donne pas plus d’indications. 

Fait que j’ai fait ce que fait tout loup lorsque pris au dépourvu : je me suis demandé, W.W.D.P.D ? What would Daniel Pennac do ? 


« J’ai décroché mon téléphone et j’ai appelé la reine Zabo. » Euh non. Supermimo

Était pas là. Pas le temps de laisser un message. Plan B. 
La Justicière démasquée. »

***


Friday, March 28, 2014

P.P présente...

Bonjour je suis,
Pertinent Personnage, pas tout le temps mais sûrement.
Pamplemousse Paginé, seulement au petit déjeuner.
Pacifiste Pacha pour la paix universel et les câlins sans frontières.
Petits Petons pour les intimes.
Panthère Panda, schizophrène sauvage au gré des saisons.
Paperasse Prolifique, désordonnée quoi que bien élevé.
Parapluie Parasol, qui te soutient la météorologie. Parenthèse Parfumé arrêtant le temps de te donner quelques Précieuses Précisions essentielles à la compréhension.
Participe Passé qui me compose.
Particulière Particule, qui se prend parfois pour une autre.
Paradigme Paradoxal qui n’en a rien à foutre.
Parole Passionné dans le creux de ton oreille et tes rêves éveillés.
Péché Pédagogique inné ou qu’on doit pratiquer.
Peinture Pêle-mêle aux expressions abstraites.
Je peux être Pétal Poilu si ça te chante,
Pétoncle Participative, j’y arriverais
Et même Pédoncule Primitif, si tu me le demandais.
En Précision Prédestiné je peux me transformer mais pas trop.
Devenir Périple Phonétique pour les amateurs de sensations fortes.
Passer à la Progéniture Professionnelle, mais ça ne dure jamais longtemps.
Retourner à la Pianiste Ponctuée pour les mélomanes expressifs
et terminer par la Protagoniste Procrastinatrice, c’est mon domaine.
Je ne suis pas Polluante Politique ni Préjugé Pourri je vous rassure.
Moi c’est P.P, enchanté.


***
« Attention à vot’ tuque, attencez vos ceintures, j’ai une belle anecdote avec une morale pi toute à vous conter. ‘A première fois que j’ai vu PP, j’ui ai demandée si ’était parente avec PKP, pi PCP. Oh-le-malaise ! Elle le pas pris pan-toute. C’est parce que, vous voyez, PP, malgré qu’a pas l’air de ’tsa, on sait bin qu’est sensib’ comme tout l’monde. « L’habrit-ne-fait-pas-le-moineau » comme on dit ; faut faire attention quant-on parle au gens. M’ouen, st’un peu faib’ comme anecdote finalement. Mais, heu… c’est ça. Bonne fête PP ! (c’tait tu pour ça l’anecdote ? j’ai comme un blanc). »
- C’est comme Noël.

Thursday, March 27, 2014

Jeudi 27 mars 2014, la onzième. Double chiffre , double lettre? Doublement redoutable? Vaut-il s'arrêter à son air angélique ou rester sur nos gardes! Elle tourne sa langue seulement deux fois dans sa bouche avant de parler, ça l'en dit long! La voici, à vos risques, P.P.



1. Treize, ça vous évoque quoi ?
L’instabilité et un certain malaise sûrement à cause de la superstition à son égard et aussi le mot trapèze qui me ramène alors à l’instabilité de l’objet et au malaise du symbole géométrique, je n’ai jamais aimée les maths, je ne suis pas superstitieuse cependant.
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
Trame sonore adéquate qui donne la place aux mots pour qu’ils se forment, se complètent et se succèdent les uns aux autres ou au contraire qui leur permet de s’éparpiller de ne pas s’écouter, de s’étaler sur la feuille tels qu’ils sont et de ne faire qu’à leur tête.
3. Le pire état émotionnel ?
Aimer, donc le meilleur à la fois.
4. Pourquoi écrire ?
Pour dompter les pensées, les faire vivre, leur donner une forme qui pourra peut-être toucher quelqu’un quelque part.
5. Auteurs préférés ?
Pas de chouchous. Ils ont tous leur mot à écrire, que je suis prête à lire.
6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
Jouer aux devinettes dans le dictionnaire, faire des avions en papiers recyclés, dompter un chat qui ressemble à une souris, regarder des textes imagés, écouter des textes racontés, faire des clichés.
***
« Le mystère du mystère, le secret du secret, le silence du silence, elle est là et puis disparaît sans crier gare. On la connait, mais ne sait rien. P.P, le caméléon, moi même je ne suis pas encore sûr de bien savoir qui elle est. » 
- Supermimo.

Friday, March 21, 2014

Le FORAIN présente...

Sur la colline, près de la rivière, un énorme chapiteau coloré. Approchez, approchez! Écoutez cette musique, un orchestre mal accordé, un xylophone qui exhale des notes volages, tambours et caissons tenant le rythme pendant que les trompettes de toutes longueurs détonnent un air festif. Derrière l'épaisse toile, une atmosphère poudreuse suspendue, se diluant comme une goutte de sang dans un verre d'eau, sous les phares de spectacle qui projettent une chaleur insoutenable. Humez l'odeur épicée de ces femmes à barbes, de ces éléphants costumés, ces ours dressés, ces hommes tueurs de lions, ces lions tueurs d'hommes, ces magiciens au costume râpeux, cette troupe de clowns au maquillage coulant de sueur, cette voyante orientale voilée des tissus qui furent précieux, ce couple de nains cascadeurs, ces comédiens, ces travestis, ces musiciens, ces jongleurs, assassins, équilibristes, contorsionnistes, prostituées, funambules et acrobates et gladiateurs et monstres de la nature! Tous paradent sous la toile modulaire, dans leur palais polyester au costume moulant, couleurs complémentaires, arborant drapeaux et rubans, chiens savants et fusées éclatant dans l'anarchie rangée du cirque. Dans ce chapiteau comme une mauvaise herbe sur la plaine, la foire de mes fantasmes, moi, magicien d'Oz de ces processions lunaires et lunatiques. Je les vois par ma lorgnette, tout là haut sur mon balcon à rambarde miroir, brillant dans l'obscurité perdue du sommet de la tente. C'est de là que tout se joue, des manivelles anciennes me permettent de mouvoir les lumières, de monter les luminaires, descendre les cordes d'escalade tressées de cheveux humains, monter les trapèzes doubles et triples, descendre les cages remplies de singes sauvages, monter les aquariums capitonnés où l'on se noiera sous les yeux ébahis et impuissants du public. La représentation commence, j'ai déjà enfilé mes longues pantoufles à grelots, mon costume vert et blanc, mon chapeau blanc et vert aux énormes grelots retombant mollement sur mes épaules. Un masque discret voile mon regard, Arlequin des sommets, qui saurait me connaître? Faire ouvrir une trappe au bon moment, lancer les boules de fumée, fermer et ouvrir les lumières, les rideaux, voilà tout mon travail pendant le spectacle, le reste serait avant et après. Sous terre, on me verrait crier, chanter, danser, mordre à rigueur, bâtonner les uns, bâillonner les autres, sauter en ribambelle le spectacle terminé, ignorant qu'un autre viendrait, qu'un autre recommencerait le lendemain, ignorant que le cirque est une boucle sans fin, un nœud coulant de spectacle qui ne fait que retranscrire, masquer, maquiller, ritualiser la cruauté du quotidien.

Et un autre chapiteau qui aura, un jour, choisi de s'installer à côté du nôtre.

Wednesday, March 19, 2014


Mercredi 19 mars 2014, il est enfin là pour vous épater, vous faire voir ses tours. Il en a surement plus d'un dans sa poche, si c'était vous je ferais attention! Pastel, Barbe à Papa et farfelu le décrivent-ils vraiment? À vous d'en juger, à vos dépends peut-être!



1. Treize, ça vous évoque quoi ?
Un numéro de trio dans une cabane à patates-frites. 
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
Environ quatre litres de café? De la musique aussi, genre Richard Desjardins, messie des temps modernes.  
3. Le pire état émotionnel ?
Mettons le jour de ton mariage, que ta femme se fasse tuer et violer sous tes yeux par des extras-terrestres-pterodactyls, en même temps que tes enfants se noient dans un gros bassin, pendant que tous tes amis regardent ça et applaudissent, ça doit être tannant.  
4. Pourquoi écrire ?
Pour sauver la forêt : j'écris sur mon ordi : je n'imprime pas mes textes : à chaque texte écrit sur mon ordi, je sauve un nombre considérable de feuilles qui auraient été utilisées en écrivant au crayon. Pensez-y. 
5. Auteurs préférés ?
Barbara Cartland, elle est tellement adorable. Danielle Steel, je la goûterais n'importe-quand. Mary Higgins Clark, j'aimerais, qu'ensemble, on construise un cabanon.  
6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
Je sais assez bien cuire les épinards. La preuve :
*** 
« Le Forain. Le Forain. Le Forain. Le Forain. Le Forain. Le Forain. Le Forain. » Fallait que j'me conditionne à dire son nom. Le « Faux Rein », ça me collait dans bouche. Je tournais ma langue, dans ma bouche. J'va pas faire des jokes poches à chaque criss de personnes que j'rencontre. C'est ma cousine, Pauline (ses parents voulaient m'avoir comme child à la place, c't'une dédicace à Pôle), qui voulait me le présenter. Pauline : « Check, Paule. C't'un gars qui sourit jamais, qui parle toujours d'la mort, c'est toujours déprimant quand y te raconte ses rêves. Y m'a dit l'autre jour qui voyait même pas les couleurs. J'pense que ça pourrait te faire du bien. » L'amour familial. Finalement, je l'ai jamais rencontré officiellement, le Fourrain. J'ai juste gossé après son ami d'Alma un p'tit 15 minutes un soir pour passer le temps. Quand j'suis sortie des toilettes, y'était là, le Forain, à tenir mon verre. Parce que son ami y avait demandé. Y'était là, accompagné de sa tête d'enterrement. J'y ai dit : « Ouin. J'comprends ce qui fonctionne pas. Ç'aurait pas dû être le Forain. Mais le Fossoyeur. » Après ce diagnostique, on s'est pu vraiment parlé. On s'est revu. Mais on se regarde de loin. En acceptant qu'on soit chacun dans la même pièce. » 
Cire Pôle McCartney.
« Le forain est un adepte de festivités, un compagnon de réjouissances, un as de la réception. Les anniversaires sont des dates sacrés, le jour de l’an est une mission. C’est le maître de cérémonie, le DJ des cœurs, le bookie des accolades. Il a côtoyé Molière, Warhol et Jay-Z. Il eu la bonté de me prendre sous son aile, a fait de moi le plus festif des chevaliers, une dette impossible à acquitter. C’est pourquoi je supporte, non sans émotion, sa candidature à VJ recherché. » 
Le Chevalier Festif.

Friday, March 14, 2014

Le CHEVALIER FESTIF présente : I am le Festif Chevalier.

Bat toi pour festoyer;
Te bat pas en festoyant.
Festoie en bonne compagnie;
Tu peux aussi festoyer pour en oublier une mauvaise.
Festoie pour célébrer,
Festoie pour souligner,
Festoie, juste un ti-peu, pour oublier.
Festoie avec ton chat.
Si c’est du Ke$ha, festoie.

La. Vie. C’est. Un. Party.

***

Parmi ceux qui ont festoyé en sa compagnie, voici un témoignage :
« Sacré Chevalier! Fidèle et drôle, tout le royaume voudrait l'avoir comme seigneur! Si vous le cherchez, arrêtez de le chercher car il est sans aucun doute au champ d'entraînement en train de pratiquer son coup d'épée ou encore à la bibliothèque en train de lire sur l'histoire du behort. Même s'il est féroce en tournoi, le Chevalier festif reste toujours très poli avec ses palefreniers et courtois avec les demoiselles. Héros des cœurs, c'est aussi un homme de famille puisque plus tard, il rêve d'avoir une famille. Toujours accompagné de son destrier, il a aussi de la bravoure. Dans vingt ans, nous ne doutons pas qu'il aura terrassé maints dragons et sauvé autant de princesses! Nous lui souhaitons la meilleure chance pour l'avenir, bon adoubement à notre féodal compagnon!
Ta gang d'écuyers. »
Extrait de l'album de finissants du collège Château-Fierheaume, promotion 1345.

Wednesday, March 12, 2014


Mercredi 12 mars 2014,  il n'était pas facile à trouver celui-là. De bars en bars et de pubs en pubs, il laissait sa trace. Aujourd'hui, nous avons pris un coup ensemble et c'est ainsi que nous avons pu vous le présenter, LE CHEVALIER FESTIF.

1. Treize, ça vous évoque quoi ? 
Un party en juillet, du blé d’inde et un barbecue.
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
Être super loin des Interwebs. 
3. Le pire état émotionnel ?
Le matin. En général.
4. Pourquoi écrire ?  
Pour être famous. 
5. Auteurs préférés ? 
Jane Austen et Alexandre Dumas. On aurait du fun ensemble. 
6. Mis à part l’écriture, quelque violon d’Ingres ? 
Wikipédier “Violon d’Ingres”.

 ***
« Après 21 ans de service à la STM, le Chevalier Festif a tout quitté pour être figurant dans le plan-séquence de 19-2. On rit beaucoup moins depuis son départ. »
- La Marraine, ex-collègue.

Friday, February 21, 2014

SUPERMIMO présente : Fanfreluches.

             La belle histoire. Ça passe, ça passe, ça passe pas!
            J'avais cinq ans quand j'ai vu mon chat se faire écraser. J'en avais huit quand mon poisson rouge s'est noyé et dix quand j'ai arrêté de croire au père Noël. Bref, du coup, devenir un super héros c'était un peu la suite logique. Avec une soif d'aventure incontrôlable, j'avais besoin de voir du pays. J'ai donc pris mon sac à dos et à quinze ans, je suis partie sur les routes, en quête de personnes en détresse et de bien à faire autour de moi.
            Bon, en fait, je ne suis pas allée très loin... j'ai surtout fais le tour de mon quartier, parce qu'il faut bien commencer quelque part! Et j'ai constaté que jouer les supers héros c'était pas si simple. Aider une grand-mère à traverser, c'est long. Monter en haut d'un arbre pour récupérer un chat, c'est dur. Quoi qu'il en soit, je suis assez vite rentrée chez moi, et puis j'ai écrit. J'ai beaucoup écrit. J'ai aimé ça écrire. C'est là que je me suis dit que, si je n'arrivais pas à changer le monde parce que j'ai le vertige, je peux au moins faire plaisir aux gens en leur racontant des histoires, enfin, c'est ce que j'en ai déduit. Alors, des histoires, c'est bien beau! Mais il faut de la matière!
            Depuis mes dix-huit ans je suis partie de chez moi, et je voyage de pays en pays, de régions en régions, je vogue à travers les mers et, toujours munie de mon carnet, je noircie les feuilles de tout ce que je vois, tout ce qui m'inspire.
            Et dans le fond, le monde se débrouille pas trop mal, je trouve. Moi je fais juste partager mes sentiments.


            Au fait, Mimo, c'était le surnom que ma mère m'a donné quand j'étais petite, j'ai toujours pas compris pourquoi.


***

Si Supermimo vous a rendu curieux, écoutez donc ce que P.P. a à dire à son sujet : 
« Supermimo et moi on s’est rencontrées y’a longtemps. Ça a pas été rose tout de suite vous savez. On était dans la cour de récré. Je jouais par terre avec des petits cailloux. Elle s’est approchée, a regardé par-dessus mon épaule pour voir ce que je faisais mais ne me l’a pas demandé.Elle m’a dit « C’est quoi ton nom ? »
J’ai dit « P.P. ».
Elle m’a répondu « Pépé comme un grand-père genre ? »
J’ai dit « Non, P.P. comme les deux lettres P. »
Elle me croyait pas. « Non mais c’est quoi ton vrai nom ? », elle a dit.
J’ai dit « C’est ça mon vrai nom si t’es pas contente vas jouer ailleurs ».
Elle m’a dit « Non j’suis contente ».
Elle restait à côté de moi, alors j’lui ai demandé « C’est quoi ton nom à toi ? »
Elle m’a dit « Supermimo ».
J’ai pas osé dire « Non mais c’est quoi ton vrai nom ? », après ce que je venais de dire.
Alors j’ai dit « Et pourquoi tu es super Mimo ? »
Elle m’a tendu un chewing-gum, un de ceux avec une blague dans l’emballage. Je l’ai ouvert, y’avais pas de blague, seulement un petit poème écrit au plomb en belles lettres rondes.

Alors là, j’ai compris. »

Wednesday, February 19, 2014



Mercredi, 19 février 2014. Les mystérieux se font beaucoup moins nombreux de semaine en semaine, bientôt vous connaîtrez tous les personnages de la MSSC. Un coup réunis hors de l'anonymat, feront-ils un coup d'éclat? Il ne reste que quelques semaines... Mais pour l'instant, pour calmer vos peurs, SUPERMIMO.



1. Treize, ça vous évoque quoi ?
Les treize nains, enfin je suis pas sur qu'ils soient treize non? Ou c'est peut être les treize petits cochons...?
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
La nuit.  
3. Le pire état émotionnel ?
Le doute. 
4. Pourquoi écrire ?
Pour éviter de parler.
5. Auteurs préférés ?
Stan Lee, la voix des héros.
6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
Le voyage, la découverte, c'est ce qui me permet d'évacuer, de souffler un peu. Voir que le monde a encore tant à nous offrir, l'espoir d'une vie meilleure. Et sinon, je fais aussi de la poterie.
***
« Je m’en rappelle comme si c’était hier. Il m’a tendu la main, et je l’ai regardé avec hésitation. Sûr de lui, il a prononcé ces quelques mots : « Tu veux changer le monde, et moi je veux le découvrir. Pourquoi ne pas faire un bout de chemin ensemble ? ». Séduite, je n’ai pas pu refuser. Je ne savais pas encore que je m’engageais dans la plus belle aventure que j’allais vivre jusqu’à maintenant. » 
La Justicière démasquée.

Saturday, February 15, 2014

La MARRAINE présente : Harold Cross Greyhound Stadium.

            Dublin est une petite ville. Là-bas, ce ne sont pas les distances qui découragent le piéton, mais la pluie, la « pissing rain » pour être plus précise. Enfouie sans le sou dans un Dublin Bus, je somnolais paisiblement lorsque j'aperçus par la fenêtre un lévrier d'une élégance rare. Imperméable aux torrents d'eau qui lui tombaient sur la tête, sa prestance était telle que le chien semblait promener le maître. L'homme qui l'accompagnait servait de pendentif, de faire-valoir. Habitée par une pulsion soudaine, je sonnai l'arrêt et descendis pour suivre l'objet de ma fascination. Cette poursuite m'amena jusqu'au Harold Cross Greyhound Stadium et je perdis rapidement mes proies dans la foule de spectateurs. Je m'assis tout de même dans l'intention de regarder la course. Le nombre d'imperméables noirs campés devant moi m'impressionna. L'humidité ambiante alourdissait mon corps et ajoutait à ma soudaine fascination pour l'endroit.

            Une heure s'écoula avant que les lévriers fassent apparition sur la piste. Dès que je le reconnus, son raffinement me frappa de nouveau. Je me levai d'un bond et courus au kiosque des paris. « Le numéro 9. Vingt dollars sur le numéro 9 ». Cette somme était tout ce que je possédais.

            Comme je l'avais pressenti, vingt-six secondes lui suffirent pour remporter la course. J'eus un faible sourire et allai aussitôt réclamer mon gain. Cent vingt dollars. Je me dis que j'avais enfin trouvé le moyen de renflouer les coffres. La prémonition qui m’avait amené dans ce stade n’était pas anodine. J’étais certaine de posséder un don : reconnaître la victoire chez les chiens. Cette idée fit son chemin et je me promis de revenir à toutes les courses de la saison. Comme je l’avais pressenti, je me mis à gagner tous les paris. Au bout de trois mois, on me soupçonna même de tricher et on menaça de m'interdire l'entrée au stade. N'ayant jamais cédé à la pression, je m'entêtai à revenir.

            Ainsi, un après-midi de course, alors que je contemplais ma gloire depuis les estrades, je reçus la visite d'un homme. Pensant m'intimider, il m'interpella par mon prénom et se présenta sous le nom de Murphy. Pauvre homme. Il n'avait visiblement pas saisi qui j'étais. Je l'écoutai et répondis à toutes ses questions nonchalamment. Alors que la course se terminait, j'allai chercher mes gains et revins à ses côtés. « M. Maguire, je n'ai jamais perdu et ne perdrai jamais. Il faudra que mon profit dépasse ce que je touche actuellement». L'effet que produit sur lui l'utilisation de son véritable nom dépassa mes attentes. Son assurance déguerpit et je pus aisément négocier une association avantageuse.

Dès le samedi suivant, j’allai prendre tous les paris du stade et pour chacun d’eux, perdant ou gagnant, j’encaissai une commission.


La Marraine du Greyhound était née.

***
Voici un souvenir recueilli auprès de P.P. sur cette mystérieuse Marraine :
« En sortant du métro vers l’Est prendre la rue droit devant, tourner dans la troisième ruelle à gauche, compter 12 pas puis cogner 1 fois à la porte en fer à droite.
C’était noté sur un bout de papier entre mes mains.
J’étais rendu à la dite porte en fer. Je cognai un coup. La porte s’ouvrit aussitôt. On me dit de monter l’escalier et de prendre la porte à gauche toute en haut. J’entrai. Un nuage de fumée m’encercla aussitôt. Une faible lumière orangée éclairait la pièce. Je toussai, je ne supportais pas l’odeur du tabac. Mais, cette odeur… c’était plutôt… de l’encens. Je distinguai des silhouettes assises autours d’une table. Je m’approchai lentement. Je dis, d’une voix que je voulais assurée «Je suis celui qui est». La silhouette du milieu se leva et une main me tendit quelque chose à travers le brouillard odorant qui me faisait tourner la tête. Une voix de femme grave et solennelle brisa le silence. «Lisez ceci mon petit». Je saisi le livre qu’elle me tendait. On me prit par l’épaule et on me raccompagna vers la sortie. C’est la première et la dernière fois que j’ai été chez La Marraine. »

Wednesday, February 12, 2014





Mercredi, 12 février 2104. Un nuage a couvert la ville, les oiseaux volent bas, même les matous de ruelles n’osent pas sortir. Elle est là, son regard sévère s’est posé sur nous, La Marraine. À vous de la rencontrer. Mais ATTENTION, ne la regardez JAMAIS dans les yeux à moins que vous vouliez courir à votre perte.

1. Treize, ça vous évoque quoi ?  Détroit et Nashville. 
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ? L'insomnie et une légère déshydratation 
3. Le pire état émotionnel ? Avoir si froid qu'il est impossible de concevoir le retour de la joie de vivre et du bien-être
4. Pourquoi écrire ? Pour devenir riche et avoir un horaire de travail stable. 
5. Auteurs préférés ? La seule femme qui ait déjà tenu sa tête sous son bras : Isabel Allende. Le seul homme qui ait véritablement compris l'hiver : Andreï Makine. 
6. Mis à part l’écriture, quelque violon d’Ingres ? La magie.

*** 


Le Chevalier Festif a son mots à dire sur La Marraine, sur leur "relation". Grâce à lui, on comprend mieux ce mystérieux personnage.

 « La Marraine m’a invité, un jour, à prendre le thé.  Quel coup de chance, j’adore le thé.  Je me présentai à sa porte à 16h, l’heure du thé, vous en conviendrai.  On m’ouvrit, et je demandai la Marraine. 

« Malheur, chère Chevalier!  La Marraine a dû s’absenter aujourd’hui, c’était une urgence, vous comprendrez! »

Et la porte qui claque.  Diantre.  16h05 et je me retrouvais, sur un pas de porte, pas de thé.  Inutile de vous décrire la panique qui montait en moi.  Je me dirigeais chez moi, pensant à ma tablette à infusions, que je n’avais su remplir!  Que me resterais-t-il?  De la camomille... Y pensez-vous! De la camomille!

Ma porte se dressait soudain devant moi.  Je fouillais dans mon sac pour trouver mes clés, tassant mon portefeuille, mon porte-voix miniature, mes accessoires de magie.  Me penchant pour  ramasser un paquet de carte qui avait fait faux-bond, je vis un petit sachet, adossé à ma porte, qui m’attendait. 

Earl Grey – 4o-clock tea

Vous comprendrez, qu’une marraine n’est jamais vraiment absente. »

- Le Chevalier Festif.

Sunday, February 9, 2014

CIRE PÔLE MCCARTNEY présente...

Je ne suis ni un homme ni une femme. SURTOUT PAS UN THERMAPHRODITE. Deux sexes, c'est chaud quand tu pars de zéro. Pas décidé(e) de ce que j'étais, pas décidé(e) de ce que je veux être, je suis finalement quelqu'un que je ne suis pas. Je suis quelqu'un d'autre peut-être, pour être. Non, je vous entends venir avec vos commentaires à deux balles, je suis pas philosophique pour deux cennes. Pour une, peut-être. Je te jouerais du triste sur un violon triste à la triste station de métro Langelier. Juste pour l'avoir, ta cenne. Mais je suis pas moins que rien, je me prends pour quelqu'un d'autre. Cire Pôle McCartney. Mon cher Paul, Paul mon minou, petit pianiste de basse cour, ne m'excuse pas de t'insulter, d'insulter ton titre de professionnel, et de le bafouer, de t'en faire baver, de te l'avouer, mais sur ce coup, je t'ai fourré.

Cire Pôle, je suis pas mystérieux/se. C'est si triste que ça. Que je suis une joke, un blague. La pognes-tu (Cire Pôle, Sir Paul. Ça fait plaisir.) ? Je me suis dit ça, ce matin, en faisant le café pis en vidant la litière du chat : « Je suis Pôle, je ne suis pô. » J'ai ris bin fort, le chat a chié à côté de la litière. PoPôle, t'en sors des bobonnes. Des noéres de bonnes. J'ai du fun noér. Normand Brathwaite. Mon Doux! Lapsus. Ça me fait penser, en parlant de noir-pas-si-noir-plutôt-brun, suis-je le/la seul(e) à se faire des quiz de crottes sur le trône? Par exemple, ton paquet spécial sort comme un charme, tu le sens presque pas, t'essaies de deviner sa forme par le passage rectal qui précédait le largage des amarres. Sera-t-il gros, petit, long, rugueux, épineux? En tout cas, c'en est une grosse molle, c'est sûr... Surprise! C'est une petite boule bien serrée. T'as perdu.

« Miaow ». « Miaow ». « Eille, Miaow, va falloir que j'le dise combien de fois, sacrament! » Woups, la chiure à terre, faut que je la ramasse. Pardon, kitty cat. Ça m'arrive souvent, de perdre le fil. À force de me demander coudonc je suis qui moé. J'ai trop d'idées. J'ai trop d'identités. Je ne suis pas conducteur/trice en tout cas, vu que j'ai pas de fil conducteur. Et surtout pas de permis. Je suis fils constructeur? Fille constructrice? File au loin. Bonne idée.

(Au loin) :  M'ENTENDEZ-VOUS TOUJOURS? J'AI L'IMPRESSION QUE CE QUE JE DIS, C'EST PU TROP CLAIR. M'ENTENDEZ-VOUS? ME VOYEZ-VOUS EN TOUT CAS?

Je suis rendu(e) trop loin. Je suis perdu(e). Je sais pu où m'en aller.

M'a arrêter ça là.

Comme les anglais diraient : « Ciao bye ». 

***
 Quelques anecdotes sur Cire Pôle McCartney, recueillies auprès du Forain et du Loup de mer :
« Je la connais pas vraiment, mais on s'est souvent vus. Tsé le genre de personne que tu vois tout le temps partout où tu sors, là, mais que tu sais pas d'où t'a connais... Je pense qu'elle avait couché avec un de mes amis à moment donné... Un gars ben smatte. En génie chimique. Mais tsé, qui pogne pas d'habitude. Il vient d'Alma... En tout cas, ouais, non, je la connais pas assez pour vous renseigner, monsieur l'agent. » 
– Le Forain 
 « Cire-pôle-macaroni. Cire-pôle-macaroni. Cire-pôle-macaroni. Cire, pour le pont. Pôle, pour la douche (maudit sois-tu, Truand de mes deux). Macaroni, eh bien, Macaroni parce que l’idée même en fait frétiller mes papilles comme des harengs frits. 
Furtif, tel l’anguille sous la roche, je me glisse entre les allées, maniant le charriot comme Zeus son éclair. Légumes, non, non, non, non. Fruits ? Pouah ! Ça ne nourrit même pas un marin d’eau douce. Moment de nostalgie à l’odeur approchante. Ô mes beaux ! Ô mes frères ! Petites perchaudes et carmines crevettes. La larme à l’œil, je m’installe un instant devant mes tilapias qu’on a brutalement forcé à passer l’arme à gauche. C’est à ce moment précis que me parvient le chant de la sirène. 
Ciiiiiiiiire… pôleeee-macaroniiii… 
Qu’entends-je ? Essaie-t-on de m’attirer dans un guet-apens ? Ma foi, je tourbillonne et m’entortille sur moi-même, la boustifaille déferle devant mes yeux en torrents acerbes, et une figure se dessine — deux cavernes sous un rocher ! Je m’arrête. Je les scrute. Ce sont deux narines. Un marin averti sachant qu’il ne faut jamais s’aventurer trop loin dans les narines d’une femme, je tente de m’esquiver, mais la tempête se soulève de nouveau et la sirène chante encore ! Elle m’attaque sur le flanc droit, envoyant valser ma barque à roulette dans les Narines. 
'' Cire pôle ! Cire pôle ! '' 
Je suis perdu. 
'' Cire pôle !, crie encore la harpie (douze ans petites narines petits yeux petite bedaine rebondie), Cire pôle ç’tu vrâment vous ? Ch’peux tu avoère vot’ otograf ? '' 
Narines sur le sol crache un coup. '' Oui, oui, c’est bon. '' 
C’est à son tour de me scruter. Mais elle a la scrutation rapide et en l’espace d’un clin d’œil elle me pointe le mousquet au nez : '' Loup de mer, ç’tu toi qui pue le poisson ? '' » 
– Le Loup de mer

Saturday, February 8, 2014



Samedi,8 février 2014. Avons découvert ce matin un drôle de personnage. Insaisissable, indéfinissable, irremplaçable, il a accepté de se dévoiler un peu pour nous, et a fait fondre notre cœur. Voici Cire Pôle McCartney et son Ti-Proust inoubliable.



1. Treize, ça vous évoque quoi ?
Un mot-valise. C'est « très » pis « aise » qui fourre ensemble. Ça fait un p'tit : le mot « treize ». Que ses amis surnomment « Très-à-l'aise ». Mais y veut s'émanciper de ses parents. Ça fait qu'y veut juste qu'on l'appelle par son nom : Treize.  
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
La douleur. Pas celle de Duras. Peut-être dans le fond. Je l'ai pas lu, dans le fond.  
3. Le pire état émotionnel ?
La douleur. 
4. Pourquoi écrire ?
Pour purger la douleur. 
5. Auteurs préférés ?
Réjean Ducharme, Nelly Arcan, Marie-Sissi Labrèche. En ordre de lecture, pas de préférence. 
6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
Manger. Jusqu'à la douleur. Détectes-tu un pattern?
***
« C’était un de ces soirs de demi-sous-sol où les drinks se font direct dans bouche pas de verres pis que le DJ c’t’un amateur, mais y fait spinner ses platines pas pire comme on dit en vieux français. Y rock en criss pour être plus exacte. Était là sur le stage à se faire aller, kind of drunk mais pas trop, à prendre la musique à bras le corps avec un p’tit quelque chose qui se rapprocherais même à de la classe je dirais. J’lui ai fait un signe de tête. Est descendu de son moment de gloire pour venir se présenter. ''Moi c’est McCartney'' qu’elle a dit. ''Paule McCartney. Mais tu peux m'appeler Pôle'', suivi d’un clin d’œil. ''T’as pognes-tu ?''. Oui j’l’avais pognée. J’adore les jeux de mots. » 
P.P.

Friday, January 31, 2014

La JUSTICIÈRE DÉMASQUÉE présente...

Incapable de te débarrasser de moi,
tu ressasses ces vieilles pensées sans arrêt.

Je suis le père aimant, que tu voyais un week-end sur deux et qui t’emmenait faire les manèges. Aimant parce que l’amour ça s’achète, parce que quand on est petit, on croit que l’amusement pardonne tout. Un tour de manège et on oublie les petites réprimandes quotidiennes. Deux tours de manège et le bruit des pleurs s’estompe. Trois tours de manège et la marque rouge sur nos fesses disparait. Puis le manège s’arrête. Je redeviens alors le père absent parce qu’un week-end sur deux, c’est pas beaucoup quand t’y penses. Absent dans le temps, absent dans mes gestes, absent dans mes mots. « Et toi, il fait quoi ton papa ? » Cette question tant redoutée, à laquelle tu ne sais jamais quoi répondre. Pour savoir ce qu’il fait, faudrait déjà savoir où il est.

Je suis la femme désillusionnée que tu as laissée derrière toi. Désillusionnée parce que je ne croyais plus en rien, plus en moi, plus en nous. Ce mariage parfait qui termine dans un tel fiasco sonne comme un échec dans ta vie si bien rangée, comme une belle tâche sombre sur papier immaculé. C’est pas de ta faute, c’est la mienne, c’est ce qu’il faut se dire. Mais t’aurais pu essayer plus fort au lieu de choisir la facilité et de prendre tes jambes à ton cou. Puis ça, on te le dira pas, faudrait éviter que tu te remettes trop en question quand même.

Je suis cette jeune fille serviable qui passait tous les jours à la même heure devant ta maison. Serviable parce que j’ai voulu venir t’aider quand tu me l’as demandé. Dans tes oreilles résonne encore le doux son de mes cris. Dans tes yeux se reflètent la vie, celle que tu m’as prise. Je fais partie de toutes ces petites âmes que tu as brisées les unes après les autres. Sans remords, sans conséquences, sans justice.

Je suis l’enfant innocent que tu étais autrefois. Innocent parce qu’on me protège, que les mauvaises choses ne m’atteignent pas encore. Tu penses à moi avec envie, tu te rappelles de mon insouciance, de ma naïveté enfantine, de mon irresponsabilité. T’aimerais revenir à cet âge-là, puis t’oublies que si tu cherches un peu, je ne suis pas si loin.

Je ne suis plus qu’un souvenir,
qui s’accroche à toi
autant que tu te
raccroches à
Lui.


***
La justicière, décrite par P.P :
« J’étais dans le parc, je cherchais de l’inspiration en regardant les arbres, en écoutant la nature quand quelqu’un est entré en collision avec moi de plein fouet.
J’ai repris mes esprits et l’ai tout de suite reconnue. C’était la Justicière Démasquée.
Elle s’est excusée maintes fois en me disant qu’elle avait vraiment l’esprit ailleurs. Elle ne savait pas où était son masque.
Je lui ai dit que c’était absurde, elle ne portait jamais de masque.
Elle m’a répondu qu’elle en avait un, comme tout le monde, qu’elle ne le portait pas, certes, mais qu’elle savait TOUJOURS où il était. Elle m’a ensuite donné sa carte en me disant d’appeler à ce numéro si je le trouvais, puis est repartie au pas de course.
J’avais retourné la petite carte entre mes doigts. Sur l’un des côtés avait été dessiné un masque noir et il y avait, évidemment, aucun numéro de téléphone pour la joindre. »

Thursday, January 30, 2014



Jeudi, 30 janvier 2014. Avons croisé ce matin une drôle de dame prête à secourir toutes les âmes en détresse. A son regard d'acier malgré ses airs de Madone, il était clair que nous avions enfin trouvé la Justicière Démasquée. Elle a accepté de nous accorder quelques minutes de son précieux temps pour répondre à nos questions. Retranscription.



1. Treize, ça vous évoque quoi ?
Le nombre de chats que j'ai été secourir dans les arbres. Je vous rassure, ils n'étaient pas tous noir. 
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
Une heure tardive, je dois être plus créative minuit passé – quand je ne suis pas déjà occupée à rendre la justice dans les ruelles sombres.  
3. Le pire état émotionnel ?
Le doute qui te fait perdre confiance. L’attente qui te fait espérer pour rien. L’absence qui te ronge. Les émotions, c’est pas toujours très beau qu’on se le dise ! 
4. Pourquoi écrire ?
Pour dénoncer, faire rêver, il y a tellement de raisons. 
5. Auteurs préférés ?
Paulo Coelho, Boris Vian, Simone de Beauvoir, Paul Auster, J.R.R. Tolkien, John Green et Roald Dahl (pour mon âme d'enfant). Et plein d'autres encore.  
6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
Réparer les injustices, secourir les chats dans les arbres (ou autre animal), faire des to-do list, parcourir le monde.
Si vous aussi vous êtes tombés sous son charme, soyez rassurés, vous n'êtes pas les seuls. Voici ce que Supermimo a à dire sur notre justicière. 

« La Justicière Démasquée est un personnage incroyable. C'est le genre d'héroïne qui court après une personne, parce que celle-ci a fait tomber 10 cents dans la rue. Et avec ce regard fier, digne d'un enfant ayant fait le plus beau dessin du monde, lui tend sa pièce en disant : “Ne me remerciez pas, c'est mon travail! ”. » 
Supermimo.

Monday, January 20, 2014

Le CAVALIER OUZBÈQUE présente...

Regarde ouvrier, c’est le cavalier ouzbèque qui arpente la lande. Fier comme l’aigle, grand comme le sapin centenaire dont les épines s’éparpillent au vent. Il est parti depuis longtemps déjà et qui sait où il se trouve aujourd’hui. Son cheval de charbon fuyant dans la nuit bleu cobalt, laissant derrière une traînée de jours pluvieux.

À la croisée des chemins, à l’angle de la montagne et de la mer, vers là où le soleil migre, le cavalier fonce. Il traverse villes éparses, escorté par ses crimes, le dos vouté sous les fautes, le Caftan écorché par les ronces et les morsures des loups.

Riez ! Riez et vous aurez le couteau de bakélite et de bronze vous pressant la jugulaire. Un conseil, tais-toi. Car ce bougre d’ermite errant ne parle pas ta langue. Il parle la langue du sang. Ces incisives sont noires, mais toujours aussi tranchantes. On dit qu’il ne craint ni s’enfuit de personne, sauf de lui-même.

Oui, il est vrai qu’il s’est baigné dans la mer d’Aral le jour de son cinquième anniversaire et qu’elle lui donna toute sa puissance tout en lui laissant un léger goût de sel sur sa peau ambre.

Qui peut savoir? Puisque jamais on n’a vu de femme ni à son bras ni à ses pieds. Qui pourra partager la solitude du souverain de la steppe d’Asie centrale?

Dévalant les dunes du désert rouge du Kyzylkoum, se hissant en haut du mont Gissar quand son corps aura trop soufflé, quand il aura compris la nature tentant de l’absorber, quand les lèvres sèche et les yeux mouillés, il aura trop cavalé.

Une fois le monde parcouru, il ira s’étendre. Il laissera s’enfuir son cheval. Il ôtera son long manteau et j’apparaîtrai, tel un seul homme, à travers mes propres cendres.

***
Au sujet du Cavalier, le Loup de mer : 

« Mon cheval pour un royaume ! » Classique, mais quand le cheval se nourrit exclusivement du sang de ses ennemis et que son cavalier a l’air du grand méchant loup, le drame prend des proportions extra-shakespeariennes. Ton cheval pour mon bateau ? OK, cavalier, OK. Voici ce que je te propose : une énigme toute bête, simple comme la carte au trésor du capitaine Kidd. Que fait le noble Cavalier, sanguinaire et solitaire, lorsque le Grand Seigneur de la steppe, mourant, le requiert à son chevet ? 

CONSIDÉRANT QUE, le cheval de l’un est le fils du cheval de l’autre ; CONSIDÉRANT ÉGALEMENT les pactes de sang accomplis au cours des dernières décennies, obligeant au respect d’un certain code d’honneur ; mais CONSIDÉRANT QUE, partageant des divergences alimentaires (l’un aime la chèvre fumée, et l’autre, les sandwichs de tourbe), ils ne se sont pas parlé depuis le mariage d’une nièce commune, il y a de cela maintes et maintes lunes… Que fait le Cavalier ? 

Tu donnes ta langue au chat, Cavalier? 

Ouzbèque il y va, ouzbèque il y va pas...


Mardi, 21 janvier 2014. Avons été désarçonnés par le plus terrible des cavaliers lors de notre voyage dans un désert particulier. Coup de chance : c'était celui qu'on cherchait, le sombre et sanguinaire Cavalier Ouzbèque. Coup de malchance : avons les deux poignets cassés. Avons tout de même réussi à lui faire passer le Ti-Proust...


1. Treize, ça vous évoque quoi ?
La dent que j’avais arrachée à mon frère quand nous étions enfants. J’avais treize ans. 
2. Un élément indispensable à votre processus créatif ?
Le thé. 
3. Le pire état émotionnel ?
L’étouffement. 
4. Pourquoi écrire ?
Parce que mon cheval ne le peut pas. 
5. Auteurs préférés ?
Miron, Rilke, Kundera, Vian. 
6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
L’Opium.
Avons également extirpé de son cirque un bien mystérieux personnage à moustache nommé le Forain... Paraîtrait qu'il a gradué dans la même cohorte que le Cavalier Ouzbèque. Voici ce qu'il avait à nous dire : 

« Les sublimes épices de la nourriture qu'il m'a fait mangée n'ont d'égal en puissance que les orientales tortures qu'il m'a fait subir. Plus jamais, non jamais, je ne tenterai de détrousser le Cavalier Ouzbèque de ses sums. » 
Le Forain