Monday, January 20, 2014

Le CAVALIER OUZBÈQUE présente...

Regarde ouvrier, c’est le cavalier ouzbèque qui arpente la lande. Fier comme l’aigle, grand comme le sapin centenaire dont les épines s’éparpillent au vent. Il est parti depuis longtemps déjà et qui sait où il se trouve aujourd’hui. Son cheval de charbon fuyant dans la nuit bleu cobalt, laissant derrière une traînée de jours pluvieux.

À la croisée des chemins, à l’angle de la montagne et de la mer, vers là où le soleil migre, le cavalier fonce. Il traverse villes éparses, escorté par ses crimes, le dos vouté sous les fautes, le Caftan écorché par les ronces et les morsures des loups.

Riez ! Riez et vous aurez le couteau de bakélite et de bronze vous pressant la jugulaire. Un conseil, tais-toi. Car ce bougre d’ermite errant ne parle pas ta langue. Il parle la langue du sang. Ces incisives sont noires, mais toujours aussi tranchantes. On dit qu’il ne craint ni s’enfuit de personne, sauf de lui-même.

Oui, il est vrai qu’il s’est baigné dans la mer d’Aral le jour de son cinquième anniversaire et qu’elle lui donna toute sa puissance tout en lui laissant un léger goût de sel sur sa peau ambre.

Qui peut savoir? Puisque jamais on n’a vu de femme ni à son bras ni à ses pieds. Qui pourra partager la solitude du souverain de la steppe d’Asie centrale?

Dévalant les dunes du désert rouge du Kyzylkoum, se hissant en haut du mont Gissar quand son corps aura trop soufflé, quand il aura compris la nature tentant de l’absorber, quand les lèvres sèche et les yeux mouillés, il aura trop cavalé.

Une fois le monde parcouru, il ira s’étendre. Il laissera s’enfuir son cheval. Il ôtera son long manteau et j’apparaîtrai, tel un seul homme, à travers mes propres cendres.

***
Au sujet du Cavalier, le Loup de mer : 

« Mon cheval pour un royaume ! » Classique, mais quand le cheval se nourrit exclusivement du sang de ses ennemis et que son cavalier a l’air du grand méchant loup, le drame prend des proportions extra-shakespeariennes. Ton cheval pour mon bateau ? OK, cavalier, OK. Voici ce que je te propose : une énigme toute bête, simple comme la carte au trésor du capitaine Kidd. Que fait le noble Cavalier, sanguinaire et solitaire, lorsque le Grand Seigneur de la steppe, mourant, le requiert à son chevet ? 

CONSIDÉRANT QUE, le cheval de l’un est le fils du cheval de l’autre ; CONSIDÉRANT ÉGALEMENT les pactes de sang accomplis au cours des dernières décennies, obligeant au respect d’un certain code d’honneur ; mais CONSIDÉRANT QUE, partageant des divergences alimentaires (l’un aime la chèvre fumée, et l’autre, les sandwichs de tourbe), ils ne se sont pas parlé depuis le mariage d’une nièce commune, il y a de cela maintes et maintes lunes… Que fait le Cavalier ? 

Tu donnes ta langue au chat, Cavalier? 

Ouzbèque il y va, ouzbèque il y va pas...

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