Tuesday, January 14, 2014



Mardi, 14 janvier 2014. Avons croisé ce matin un genre d'être humain qui puait l'alcool, encore vêtu d'une robe de Noël à strass, genre La Fureur rencontre Céline Dion. Lui avons posé deux ou trois questions, à commencer par son nom. Aussitôt les mots échappés de sa bouche, enroulés dans leur haleine fétide de lendemain de veille, nous l'avons saisi. C'est bien l'homme que nous cherchions : C'est comme Noël...

1. Treize, ça vous évoque quoi ?  
La désolation, la fin de tout. 

2. Un élément indispensable à votre processus créatif ? 
Un café et un whisky : l’un pour réveiller le corps et l’autre l’esprit.

3. Le pire état émotionnel ? 
La peur. Si elle revient si souvent sur le papier, c’est parce qu’elle doit sortir.

4. Pourquoi écrire ?
Écrire est simplement un moyen de passer à travers ces longues nuits froides d’hivers sans perdre la raison. Un chien ou un chat c’est bien, mais une feuille et un crayon c’est encore mieux.

5. Auteurs préférés ?
Pour le texte du collectif, on voit une forte influence de William Shakespeare, Albert Camus et Retour vers le futur 2 (ce dernier n’est pas un auteur, mais son importance me force à le citer).

6. Mis à part l'écriture, quelque violon d'Ingres ?
Manger ce qui se trouve sous ma main, marcher à la recherche de l’inspiration et achaler les inconnus lorsqu’ivre.

Nous rappelant une sorte d'Hemingway doublé d'un Bukowski, perdu dans les ruelles du centre-ville de Montréal, nous sommes allés à la recherche d'amis du Drôle pour en apprendre un peu plus sur lui... mais dès qu'on a eu le dos tourné, C'est comme Noël s'est sauvé ! Fortuitement, nous l'avons vite retrouvé en train de picoler dans un bar, avec son vieil ami le Loup de mer. Celui-ci s'est répandu en exclamations lyriques sur sa rencontre avec ce qui est maintenant son vieux pote dégingandé. 
 «
Contre un mur, l’éclopé clope et clope et clope et clope
Saint-Nicolas de pacotille (Père fouettard de centre d’achat) qui écope — une fois la douzaine — de la salace tâche de camoufler sa main bionique, son haleine de gin et ses paupières lourdes de vodka sous une barbe blanche tirant sur le jaune (clopin, clopant).  
Rencontre étrange, veille du grand jour. Sur la patinoire, le lourd et louche individu en fin de quart versus moi, moi qui louvoyait dans le coin et qui croit fortuitement entrapercevoir sous sa parka l’ombre d’une hotte de cadeaux, la courbe d’une orange ferme et charnue… Impossibilité d’attendre au lendemain, improbabilité de compter un but mais  
Tirade (forte buée de poisson dans le doux climat de -30) —
« Mam’zelle, bien le pardon, c’est que je savais pas qu’au Pôle Nord, c’est la femme qui porte la culotte ! »  
Jérémiade (décousu, les mots se perdent dans sa barbe) —
« Les flaques… Les flaques de glace… Elles mélangent le, le rouge des lumières d’auto avec… le vert des feux de circulation, c’est comme une palette d’aquarelle, c’est comme… c’est comme… C’est comme… »  
Le comparant se perd aussi irréversiblement que la patience de la caissière au Wal-Mart, un boxing day. L’apparent asexué s’écroule — le lendemain, à l’hôpital on apprendrait que c’était son assistante, Suzette, qui l’avait trahi d’un coup de cyanure dans le tequila sunrise (une affaire de charbon dans le bas).  
Il s'est passé pas mal de temps avant que la fortune me donne la chance de recroiser le sinistre homme-femme en costume de Saint-Nic. Néanmoins, à ce que j’ai ouï dire, jamais Suzette ne passa une meilleure Saint-Sylvestre : quand Bon Papa n’est pas là, les lutins dansent.
» 

No comments:

Post a Comment