Wednesday, December 11, 2013

LE TRUAND PRÉSENTE : Je vais prendre le temps de passer


Depuis que je me suis mise à réfléchir, ça me semblait encore moins clair… Cette voix dans ma tête n'arrête pas de crier, c'est la mienne qui crie, ma voix.

— Je suis pu capable, non vraiment, là je suis au bout du rouleau. À chaque fois, c’est la même maudite histoire qui recommence! Encore une fois la même histoire, j’ai l’impression d’être prise dans un cercle et de chercher le coin. Mais faut quand même être stupide, y’en a pas de coin dans un cercle, c’est un cercle! Et un cercle, ça finit jamais… C’est simple à comprendre, non? Non, parce qu’à chaque fois je comprends pas. Une bonne main d’applaudissement pour ma stupidité notoire. Hier soir comme tous les soirs j’arrive chez moi, j’ai passé une belle journée, une journée comme les autres. Neuf heures de cours et j’ai le sourire, ça veut dire « une belle journée »! D’habitude neuf heures de cours ça m’inspire absolument tout, sauf un sourire. Bref, je rentre chez moi, sourire aux lèvres, les cheveux dans le vent et tous les Tralalas super quétaines qui peuvent accompagner une entrée dans une salle, tu vois ce que je veux dire? Mon chum est déjà arrivé, je lui demande comment il va, avec tout l’amour et la simple politesse du monde, et lui de me crier par la tête : « C’est quoi, j’ai pas l’air de bien aller? » Non non, c’était pas vraiment le but de ma question? Mais bon, il le prend comme il veut, je continue mes petites affaires et j’enchaîne avec toute la douceur de monde, encore une fois, « Veux-tu que j’aille faire le souper pour pas qu'on mange trop tard? » et lui de me crier avec une force presque bestiale « C’est quoi tu trouves que je fais jamais rien dans la maison, que je fais jamais rien pour toi, c’est ça?! » Bien oui! C’est EXACTEMENT ça que je voulais dire, c’est évident! NON! Non, non, non, non et, ah oui laisse-moi réfléchir, NON! C’est pas ça que j’ai dit, j’étais même pas proche de dire ça! Je voulais juste faire à souper, j’ai faim, j’ai le droit d’avoir faim? Est-ce que je peux avoir faim sans que tu piques la plus grosse colère de l’histoire des colères du monde? Une maudite belle histoire en plus celle des colères du monde, tu ne trouves pas? Et si je lui demandais si je pouvais mettre du linge dans l’armoire, il va me crier que je pense probablement qu’il a essayé de cacher un cadavre ensanglanté dans trois sacs de poubelles différents pis l’arme du crime en plus  et que je vais appeler la police! Ça m’étonnerait même pas!  Je me sens un peu comme un vieux toutou dans le fond. La vieille peluche dans laquelle on se blottissait pendant des années toutes les nuits, celle qu’on embrassait tous les matins avant de partir et qu’on était toujours heureux de retrouver le soir! Mais c’est pas pour rien que je l’ai retrouvé en dessous du lit, t’avais pu ta place… Lui aussi y'a surement offert de faire à souper?  C’est ce que je me disais aussi, pauvre lui, pauvre nous! Bon, ça suffit le comble du pathétisme, je vais lui dire comment je me sens et que je veux que ça change!  Je vais lui dire, comme ça tout simplement, comme de l’eau sur le dos d’un canard ou comme une poignée de roche dans un poumon, ça dépend comment on le voit… « Chéri, on doit parler. » Non, non! « Mon amour, j’ai quelque chose sur le cœur! » C’est bon ça! Là il  va s'asseoir et je vais dire, et je vais dire… Qu’est-ce que je dis? Allo, peux-tu arrêter de me passer tes états d’âme dessus, please? J’en peux pu de ton syndrome prémenstruel de merde, il y a erreur sur la personne, c’est moi la fille, pas lui! Au lieu de me crier dessus comme un fou furieux, prends-moi dans tes bras, doucement, tendrement, comme avant… J’ai l’impression d'être une vieille maîtresse mielleuse et poète, j’aime pas ça, bon! C’est juste une mauvaise passe, j’en suis certaine… Ça doit être le café, le café ça rend agressif et impulsif. C’est décidé, fini le café, maintenant ça va aller de mieux en mieux! Je l’aime! Mais j’ai juste peur que ça l'empire…

J'imagine déjà le tableau de ce soir. « Chéri, est-ce que c’est toi? » et comme d’habitude, lui va me répondre « Non, c’est le facteur! Bien oui calice c’est moi, qui tu penses que ça pourrait être? ». Ouin, il est peut-être juste temps que j’arrête de réfléchir et que je commence à faire ma valise?

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